Mon copain de terminale du lycée est décédé en 2013. Oui, le docteur Jean-Pierre Gadel nous a quittés, après une longue et angoissante absence dans les neiges de Cerdagne. Cette même année, Pierre de Besombes Singla, docteur en droit et ancien notaire, mais surtout maire de l’Albère pendant des décades, est parti dans la discrétion.
Jean-Pierre fait partie de la dernière génération de médecin de famille que l’on réveillait et qui se rendait au domicile de son patient, la nuit avec son scooter, harnaché de son casque.
A son cabinet de la rue St Jean à Perpignan, il suivit le dévouement que son père, le docteur Gaston Gadel portait à ses clients de toutes conditions. Lors de ses obsèques, la cathédrale était pleine de ses amis, de ses copains, de ses confrères, de ses anciens clients, de ses voisins de quartier.
Notre professeur de Philosophie, « Juliot », avec son tout petit carnet rouge, aide-mémoire de son cours, fut plus tard son client. Quelle belle confiance que l’enseignant fit à son élève.
Pendant son adolescence, l’été, avec ses parents et ses frères, c’était le camping sauvage dans les gorges de la Carança, et, les longs séjours à la demeure des anciens Bains de Nossa, engloutie maintenant par les eaux du barrage de Vinça. Par la suite, il accueillit, pendant l’été et l’hiver, sa famille au chalet de Superbolquère.
Jean-Pierre était un alpiniste, un amoureux de la nature, sans négliger les randonnées dominicales en vélo avec le docteur Belmas. De son expédition sur les cimes de l’Amérique du Sud, il revint avec des petites gelures au pied que le caisson hyperbare de la clinique St Pierre guérit.
L’année du boycott-grève des épreuves écrites du baccalauréat, décidé pour des raisons incompréhensibles , avec des amis, nous avons constitué un petit groupe dénommé « Passons le bac » devant le portail du lycée, côté rue Président Doumer. Quand, en même temps, le Proviseur Pioli filtrait l’entrée des candidats, Jean-Pierre a eu une algarade avec un adulte passant sur le pont qui trouvait normal que l’examen soit boycotté.
J’ai une pensée très affectueuse pour Jacqueline, son épouse, pour ses fils, Philippe et Pascal.
Jean-Pierre, c’était mon copain, c’était mon ami.
Jean Nicolas, Février 2014