Amicale des Anciens élèves du lycée Arago de Perpignan - AAA

Et continue à nous enchanter !

Et continue à nous enchanter !
Hélène Legrais, en tant qu'ancienne journaliste, a le don pour nous faire revivre les petites histoires de notre belle ville !
Conduire ça peut paraitre évident, mais pas pour tout le monde, même dans les années 70. Alors que Jean-Paul Belmondo est en plein tournage à Perpignan en 1975, un imprévu assez particulier met une scène au conditionnel. Récit avec Hélène Legrais.
En 1975 donc, Jean Paul Belmondo est à Perpignan pour tourner « L’Alpagueur ». C’est un événement !
Et tout un dispositif ! Il a fallu interdire la circulation en centre-ville, installer des barrières pour tenir la foule à distance. On élève une tour pour filmer d’en haut. On allume les sunlights car c’est une scène en soirée, donc nocturne. Bébel est là, décontracté et souriant. Il n’a pas dîné mais ce n’est pas grave : il se contente d’un sandwich. C’est que sur un film, le temps c’est de l’argent et comme c’est lui le producteur, il fait attention. Allez, on tourne !
Que se passe-t-il dans cette scène ?
Un commissaire véreux, compromis dans une sombre affaire sur laquelle enquête Belmondo-l’Alpagueur, arrive au volant d’une DS qu’il gare devant la cathédrale. Ça paraît simple comme ça mais il faut refaire la scène plusieurs fois. Il faut dire que le rôle du flic pourri n’est pas joué par un acteur professionnel : Philippe Labro l’a confié à un confrère journaliste, Francis Huger, grand reporter à France Soir.
C’est un sacré personnage, fan de jeu à XIII et de pétanque, il est d’ailleurs l’auteur d’un livre référence sur le sujet. Les Catalans ont d’autres raisons de l’apprécier : c’est en effet Huger qui a fait obtenir sa première subvention au lycée climatique de Font Romeu. Enthousiasmé par le projet, il a écrit un article où il s’est déclaré prêt à donner de sa poche 50 000F.
Pierre Mazeaud, le secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports, n’a pas voulu être en reste : le lendemain de la parution de l’article, il octroyait 5 000F au lycée. C’est justement à Font-Romeu que Philippe Labro et Francis Huger se sont rencontrés, dans les toilettes dit la légende. Quoi qu’il en soit, à voir ses moustaches et son air sérieux, Labro s’est dit que son collègue serait parfait dans le rôle du commissaire ripoux …
Mais qu’est-ce qui coince alors ?
Huger ne sait pas conduire ! A l’époque, les grands journalistes ont des chauffeurs, figurez-vous. Alors pour lui se retrouver au volant, même pour jouer la comédie devant les caméras, ce n’est pas simple. Il réussit néanmoins à garer la DS devant le parvis de la cathédrale … mais il oublie de mettre le frein à main ! Il faut recommencer, et recommencer encore.
Finalement, c’est dans la boîte et Francis Huger jure de passer son permis dès la fin du film. On tourne ainsi ce soir-là jusqu’à une heure du matin. L’archiprêtre de St Jean a mis au frais une bouteille de Muscat. Quand Labro s’estime enfin satisfait, les acteurs, Belmondo en tête, y font honneur avec grand plaisir.
 
Sébastien Giraud
France Bleu Roussillon
 
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