Amicale des Anciens élèves du lycée Arago de Perpignan - AAA

Stéphane SESE, ancien d'ARAGO, à la UNE de l'actualité !

Stéphane SESE, ancien d'ARAGO, à la UNE de l'actualité !

Le Perpignanais Stéphane Sésé et son prestigieux champagne Boërl & Kroff à la table impériale des Romanov, les nouveaux mariés de Russie 

Ami du tsarévitch, le grand-duc George Mikhaïlovitch, et de son épouse l'italienne Rebecca  Bettarini, le Catalan Stéphane Sésé rentre d'un fabuleux voyage à Saint-Pétersbourg. Invité à la noce impériale par les jeunes mariés, héritiers du tsar Nicolas II, Stéphane Sésé a levé la coupe de son champagne, choisi comme élixir officiel de l'évènement, au bonheur des Romanov.   

Parti fin septembre en Russie avec un Mathusalem de son meilleur millésime dans sa valise, en guise de cadeau aux mariés, le Perpignanais Stéphane Sésé vient de revenir les bagages chargés de grosses commandes. "Je savais qu'il fallait que je sois à ce mariage, mais je n'en mesurais pas les conséquences. J'ai eu la chance de rencontrer des oligarques, des têtes couronnées, une proche du pouvoir qui m'ouvre de nouvelles voies...", s'enthousiasme le Catalan qui avait fait la connaissance du grand-duc et de sa future épouse plusieurs années auparavant. "J'organise ou je participe à des soirées événementielles dans le monde entier depuis vingt ans et c'est dans ce cadre qu'un jour, j'ai été présenté à George et Rebecca, le couple Romanov. Lui a tout de suite adoré mon champagne, on a sympathisé puis on est devenu potes", se réjouit le cofondateur de Boërl & Kroff.

Or, en Europe, à l'heure des préparatifs de la noce, les plus grandes maisons champenoises redoublent d'efforts pour mettre leur élixir à la table des mariés. Stéphane Sésé dont le vin est réputé le meilleur mais également le plus cher au monde se propose à son tour quand le 2 juillet, "le président Poutine publie une loi qui interdit aux Français d'utiliser l'appellation Champagne en Russie. Sur les étiquettes des bouteilles, on devait le remplacer par vin mousseux ou vin pétillant".  Inimaginable pour le jeune entrepreneur qui vise l'excellence. L'été dernier, entre tensions et embargo décrété par la Russie, "j'ai pensé que pour moi c'était mort. Avec cette mesure, je ne savais pas si j'avais le droit. Mais à la demande de George et Rebecca, j'ai fait expédier mon champagne en Russie", confie Stéphane Sésé. Dès lors, les Romanov se battent pour imposer le nectar à la fête.

Les Romanov ont réussi à imposer mon champagne à la fête

 

En série limitée à 3 000 magnums, plus une cuvée entre 6000 à 8000 bouteilles de 75 Cl élaborées "pas chaque année", insiste Stéphane Sésé, il a prévenu les mariés qu'il ne serait pas en capacité de servir 1 500 invités. "Le volume n'est pas dans l'ADN de ma marque." Il donne donc son feu vert pour partager le marché avec une autre grande maison champenoise.

"Sauf que lorsque je suis arrivé à Saint-Pétersbourg le 28 septembre pour veiller au bon déroulement  des derniers préparatifs, j'étais seul. Au dernier moment, en apprenant que Boërl & Kroff était devenu le champagne officiel de la célébration, mon confrère avait renoncé, il s'était retiré." Du 30 septembre au 1er octobre, jour de la noce, les bulles de Stéphane Sésé coulent ainsi à flots dans les salons très privés des festivités réservées aux têtes couronnées. Revêtus d'un médaillon gravé des armoiries des Romanov, les flacons trônent également sur les tables d'honneur. Le Mathusalém (six litres) sur celle des époux, les magnums sur les nappes voisines. Stéphane Sésé prend place comme prévu à la table numéro 7. 

"J'ai vécu des journées de dingue, magiques, une traîne d'étoiles filantes qui ne s'arrête pas au mariage", exulte-t-il, de retour en France. D'autant qu'elles avaient commencé à étinceler avant. "Au printemps, le chef pâtissier Michael Lewis-Anderson était venu chez moi, au château de Chevigny-en-Valière en Bourgogne, pour concocter un gâteau d'essai de la noce. On avait passé deux jours exceptionnels", se souvient le Catalan que l'expert des desserts appelle au secours depuis Saint-Pétersbourg. "Il était arrivé une semaine avant moi en Russie et il ne trouvait pas de fleur d'oranger, je lui en ai amené six bouteilles dans mes valises, il était sauvé", s'amuse Stéphane Sésé dont le secret du succès réside en un mot : le mouvement. "Il ne peut rien t'arriver si tu restes chez toi, alors que bouger te permet de découvrir le monde et les gens, de faire des rencontres inoubliables." À l’instar des Romanov. 

Corine Sabouraud

 

De l'affiche "Le Roussillon c'est fantastique" au champagne le plus cher au monde, le Perpignanais Stéphane Sésé vit sa success-story comme un rêve.

Son affiche éditée dans les années 90, "Le Roussillon c'est fantastique", tous les Catalans d'ici et d'ailleurs l'ont sûrement encore en mémoire. Stéphane Sésé, son auteur, ne peut pas en dire autant de sa nouvelle création, le prestigieux champagne Boërl & Kroff, le plus cher au monde. Vendu de la cave aux tables étoilées entre 5 000 et 12 000 euros le magnum, il ne coule pas entre toutes les lèvres du pays catalan.

"Depuis que je suis né au milieu des vignes, entre Perpignan et Saint-Estève, je rêvais de faire du vin", assure Stéphane Sésé qui découvre internet aux Etats-Unis et une fois de retour en France, décide plutôt de se lancer dans le web. "J'ai fait partie des pionniers français d'internet. J'y ai cru et ça a marché. En 1994, les Pyrénées-Orientales sont un des premiers départements français à développer des sites web." Et le jeune entrepreneur fonde sa société Square Partners à Perpignan.

"J'ai vite gagné quatre sous et j'ai alors décidé de faire mon vin". Stéphane choisit d'œuvrer sur le modèle d'une renommée mondiale associée à une petite appellation extrêmement protégée et il se dirige ainsi tout droit vers le champagne. Un ami d'enfance lui permet de rencontrer la famille Drappier et le conte de fées commence. "Nous avons convaincu Michel Drappier de nous louer pour cent ans trois parcelles de ses vignes dédiées à l'origine à la cuvée du Général de Gaulle. Notre projet l'a intéressé, il a accepté de produire du champagne avec nous mais à notre goût". Une mise en garde à l'appui. "Pour obtenir la qualité que je recherchais avec mon associé de l'époque, il fallait accepter de patienter au minimum dix ans d'âge. Ce n'était pas un problème, au départ on ne souhaitait pas le vendre, on le faisait pour nous", se souvient Stéphane Sésé. Il va rapidement changer d'avis. Une première dégustation l'en convainc. " Les professionnels nous ont dit que c'était un OVNI. Un champagne d'exception. Ils nous ont poussés à créer une marque". Les partenaires calculent leurs coûts de production et "on est tombé à la renverse. Pour vendre un champagne vieilli pendant dix ans avec l'immobilisation financière que cela représente, il fallait qu'on soit aux alentours de 4 000 à 5 000 euros le magnum."

Le Perpignanais devient champenois et s'installe en Bourgogne

Stéphane Sésé amène quelques flacons à Perpignan et présente le désormais Boërl & Kroff à deux clients de Square Partners qui décident de l'encourager. En deux semaines, il a déjà cédé deux magnums numérotés et leurs vasques à 6 000 euros pièce. "À partir de là, on a monté la société, on s'est lancé." Un nouveau coup de pouce surgit un midi de 2006. "J'étais dans mon bureau de la rue Talrich à Perpignan, quand j'ai eu envie de faire une photo d'un magnum que j'ai aussitôt postée sur internet. Dans l'après-midi même, un journaliste américain avait capté mon post à New York et fait un article qu'il m'a envoyé sous ce titre : La couronne du champagne le plus cher du monde vient de changer de tête."

Dans la foulée, l'info est reprise partout. C'est la vraie naissance de Boërl & Kroff. "Tous les médias de France et d'Europe m'appellent, mais nous n'avons plus communiqué, nous avons systématiquement refusé d'en parler en expliquant que nous étions une petite entreprise confidentielle et que nos clients n'apprécieraient pas la publicité", raconte le cofondateur qui ne dérogera jamais à la règle.

"Nous produisons très peu, on est en mode épicerie avec des petits stocks très difficiles à gérer", poursuit Stéphane dont la société qu'il rachète à part entière génère un chiffre d'affaires conséquent. "Je pensais faire fortune avec internet, le champagne a été la consécration. On ne fait pas toujours ce qu'on veut ! ", plaisante le Catalan. Obligé de quitter Perpignan. "J'étais crevé de faire les allers-retours entre les P.-O. et la Champagne, j'ai donc vendu l'agence Square Partners avec la mission de me rapprocher des vignes pour continuer d'écrire cette histoire extraordinaire."  Son choix se porte sur la Bourgogne, à Beaune capitale mondiale du vin "où je suis le seul champenois, c'est stratégique."  Et il ne s'arrête pas là. Comprenant qu'il manquait la pierre à sa success story, le Perpignanais acquiert l'an dernier le fastueux château de Chevigny-En-Valière où, qui sait, il recevra peut-être un jour les époux Romanov.

 

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