Amicale des Anciens élèves du lycée Arago de Perpignan - AAA

2008 - Célébration du bicentenaire

Yvan BASSOU, Président des AAA pendant son discours.

 

Mesdames, messieurs les élus,

 

Mesdames, messieurs les autorités,

 

Mesdames, messieurs les personnalités,

 

Chers condisciples et amis,

 

Mesdames, messieurs,

 

C’est un événement rare, dans une vie, de pouvoir participer à la cérémonie du bicentenaire de son lycée, et c’est le cas aujourd’hui pour nous ; aussi voudrais-je vous dire tout l’honneur que je ressens et toute la fierté qui m’anime en m’adressant à vous.

Un lycée François Arago dans les Pyrénées Orientales, quoi de plus normal, me direz-vous. Ce grand homme a tellement donné pour la science, pour la France et pour notre département qu’il n’était que justice, qu’en 1945, on baptisât de son nom, l’établissement scolaire du second degré qui existait déjà à Perpignan, tout à côté de la place portant son nom.

Remarquez que les autorités à l’époque auraient pu l’appeler aussi du nom d’un autre grand Catalan, certes moins célèbre, contemporain des frères Arago, plus proche d’Etienne que de François et qui a eu, lui aussi, un destin hors du commun. Je pense à Joseph Sarda Garriga, l’homme qui a aboli l’esclavage à La Réunion, en 1848, justement sur une proposition de François Arago, préparée par Victor Schoelcher, pour être bien précis. Un lycée Joseph Sarda Garriga aurait eu l’avantage de pouvoir fêter aujourd’hui, en 2008, conjointement son bicentenaire et le bicentenaire de la naissance de l’homme puisqu’il est né en 1808, à Pézilla de la rivière.

C’est donc dans ces bâtiments actuels du lycée Arago que, comme beaucoup d’entre vous, j’ai eu la chance de suivre une scolarité complète de second cycle, pendant 7 ans, de 1958 à 1965.

Ai-je besoin de rappeler que pendant très longtemps, ce lycée a été « le » seul établissement scolaire de second cycle du département et qu’à ce titre, il est normal que beaucoup des personnalités actuelles l’aient fréquenté et je me réjouis de les voir présentes aujourd’hui, prouvant leur fidélité au lycée Arago.

Quand j’affirme que ce fut une époque merveilleuse avec des professeurs remarquables, ce n’est pas l’embellissement du temps qui me dicte ces mots, non, c’est la sincérité. Avec émotion, j’en vois encore quelques-uns dans l’assistance d’aujourd’hui, des enseignants qui ont su nous donner une éducation citoyenne en nous inculquant les valeurs de la République, les valeurs de laïcité, je dirais presque aussi d’égalité quand je pense aux blouses grises, attribut visuel et niveleur des pensionnaires. Tous égaux dans l’apparence !

Les années 60, ce fut l’époque où arrivèrent en masse nos camarades pieds noirs. C’était le temps où le rugby qui régnait en maître dans les cours de récréation dut faire un peu de place au foot.

Ce n’est pas la nostalgie de ma jeunesse qui m’a convaincu, en 2000, de reprendre le flambeau de l’Amicale des Anciens d’Arago mais l’envie d’y retrouver des camarades de classe, animés eux aussi par la même passion de rendre au lycée un peu de ce qu’il nous avait donné pendant notre jeunesse : un solide bagage pour affronter la vie, le goût du travail bien fait, la passion pour la culture, des amitiés fortes, des souvenirs à la pelle et un réel attachement à ces murs de briques rouges.

S’il était besoin de justifier l’existence de notre amicale d’anciens élèves, je répondrais que sa mission première est d’accompagner les élèves dans leur scolarité, une mission que nous avons à cœur de développer encore plus prochainement. Une autre de ses missions est de tisser des liens entre les anciens élèves pour créer une sorte de communauté où les échanges d’idées, les résurgences d’expériences vécues, les rencontres conviviales, les réflexions sur la transformation du lycée servent de ciment et alimentent notre bulletin Ricochet. Celui-ci a été créé en janvier 1955 et il paraît toujours une fois par an mais, modernité oblige, le site internet de l’Amicale le complète dorénavant et permet à la diaspora des anciens d’Arago de se sentir toujours rattachée à ces lieux.

Depuis 6 ans, en accord avec l’administration du lycée, nous avons instauré le baptême républicain annuel des promotions d’élèves entrant en seconde avec des parrains aussi prestigieux que Joseph Joffre, le maréchal de France, Joan-Pau Giné, le chanteur catalan engagé, Puig Aubert, dit Pipette, le célèbre rugbyman international, Claude Simon, l’écrivain et prix Nobel de littérature, Arthur Conte, le journaliste, romancier et homme politique et cette année, ce fut le tour de la promotion François Arago, bicentenaire oblige.

Tous d’anciens élèves, ayant fréquenté indifféremment les divers bâtiments qui se sont succédé.

Mais quels noms de parrains ont été retenus pour les prochaines promotions, me demanderez-vous ? Il est certain que nous aurons une année la promotion Alfred Sauvy, la promotion Charles Deperret, la promotion Sarda Garriga, la promotion Christian D’Oriola, la promotion Joseph Lomagne, la promotion Charles Trenet, sans oublier, un jour, qui sait (?), la promotion Jo Maso…

J’arrête là car la liste des prétendants est longue et je ne veux, ni faire de jaloux, ni dévoiler le choix que notre assemblée générale va bientôt entériner pour 2009.

En tant que président de AAA, 3 initiales désormais célèbres malgré la concurrence des redoutables 3A de l’Association des Alcooliques Anonymes, ou des Amateurs d’Andouillettes Authentiques, ou de l’Alliance Armée Argentine, oui, en tant que président de l’Amicale des Anciens d’Arago, je voudrais exprimer, aujourd’hui, toute ma satisfaction d’avoir vu aboutir en 2008, l’année du bicentenaire du lycée, deux projets qui nous tenaient particulièrement à cœur, à savoir la réalisation, en partenariat avec la revue Terra Nostra, d’un livre sur l’histoire du lycée Arago par notre ami Jean-Marie Rosenstein et la création de l’hymne de notre amicale par notre camarade Albert Bueno.

Vous avez pu tout à l’heure apprécier, lors de sa conférence, la profonde connaissance que Jean-Marie Rosenstein a de l’histoire de notre vénérable bahut, vous pourrez, à la fin des allocutions, apprécier notre hymne grâce à l’interprétation qu’en fera Albert Bueno et ses chœurs improvisés. C’est la première fois que cet hymne sera présenté au public des anciens élèves. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’amicales d’anciens élèves en France pour lesquelles un hymne ait été créé.

En juin 1908, lors des festivités du centenaire du collège public de Perpignan, Félix de Cazis de Lapeyrouse, mon prédécesseur à la présidence de l’Amicale des Anciens élèves, créée quelques années auparavant, en 1897 pour être précis, dévoila avec le principal de l’époque, Benoît Bontron, la plaque commémorative apposée, aujourd’hui, dans le hall du lycée. Les festivités de l’époque mêlèrent dans « le collège pavoisé, enguirlandé et fleuri » un apéritif d’honneur, la fanfare militaire, un orphéon scolaire, des discours officiels châtiés et solennels, un banquet de 100 personnes et une grande fête populaire hélas annulée en raison d’un orage. Aujourd’hui, la tradition est bien respectée, exceptée la fanfare du 24° régiment colonial qui sera remplacée par l’hymne de l’Amicale ! Nous nous inscrirons bien dans cette continuité lorsque nous dévoilerons tout à l’heure, avec un sentiment de profond respect pour le passé, la plaque commémorative du bicentenaire.

Et pour achever mon propos, je voudrais me tourner maintenant vers l’avenir et adresser aux élèves actuels un message d’espoir et de confiance. C’est ici, au contact d’un respectable professeur de mathématiques, monsieur Hormières pour ne pas le nommer, ou Pendule, comme nous l’appelions affectueusement, que j’ai trouvé ma voie. « La pendule, c’est moi » nous disait-il les samedis après-midi, quand nous annoncions avant l’heure que la sonnerie avait retenti, histoire de courir voir à la télé du bistrot du Rond-Point, les matchs du tournoi des V nations. Comme lui, je suis devenu professeur de mathématiques. C’était un professeur, tout entier à sa passion d’enseigner et aux remarquables qualités humaines. Il a été mon repère, celui que j’ai toujours voulu atteindre.

Chers condisciples actuels, c’est dans ces murs que j’ai appris l’abnégation dans l’effort, l’émulation dans la camaraderie, la prise de conscience des vraies valeurs de notre société. Cette formation des esprits a été, de tous temps, le maître mot de la formation des lycéens à Arago.

Puissiez-vous, vous aussi, trouver ici, parmi vos professeurs, comme j’ai eu la chance de le faire moi-même, le goût pour votre métier et, comme nous l’avons rencontrée nous-mêmes, la passion pour votre vie.

Je vous remercie pour votre attention.